mercredi 14 octobre 2009

Osons planter

Savez-vous planter un arbre ?

Certains disent que si on n’a pas une Rolex à 40 ans on a raté sa vie, mais qu’en est-il si on n’a jamais planté d’arbre arrivé au seuil de la vieillesse ?

Un arbre nous survit, témoigne de nous et de nos vies. Hier, je suis allée en jardinerie, je collectionne bien plus de cartes de fidélité de jardineries que celles de boutiques de fringues. Accompagnée de Lhom qui partage ma passion nous avons acheté pêcher et abricotier, mirabellier, plan de vigne et hydrangeas ainsi qu’une petite azalée, alpaguant bien sûr l’horticulteur afin de vérifier la compatibilité de nos futurs protégés et de notre jardin….

Il y avait un homme, la soixantaine largement dépassée qui choisissait un pommier. Premier d’une série qu’il se proposait de planter. Il voulait un pommier mais ne savait dans la multitude des tentations se décider. Golden délicious ou Belle de Boskoop ? Court pendu ou bien encore Borowisky (non, cela ne donne pas de whisky, dommage….)
Le choix fut vite orienté par le vendeur et arrêté sur la belle Reine des reinette, présentant l’avantage d’être en quelque sorte la reine mère de la ruche, qui serait un verger. Pollinisateur. Nb : ces trucs là ne sont pas auto-fertiles.

Rien de fut trop beau pour cette Reine des Reinette, fumier et terreau, sac de sang séché et tuteur … Je me suis demandé si ce pommier n’était pas une rose pour un petit prince âgé. Son inquiétude devant les explications détaillées du jeune homme était palpable, ses questions nombreuses. Le trou quelle dimension ? Quand dois-je le tailler ? Comment ? Dans combien d’années aurai je des pommes ?

Rien n’est plus beau qu’un homme qui plante son premier jardin, je l’imagine, matin et soir allant voir son bébé, car il en fut ainsi pour mes premières plantations. Parfois je me réveillais la nuit et les sachant à des centaines de km de là, j’imaginais, leurs soifs, le froid…. A peine arrivée à Tara, je parcourais de nuit mon jardin, piétinant l’herbe folle, bien plus difficile à tondre après, parfois avec une lampe d’autres fois seulement éclairée par la lune. Si l’urgence criait, portant même des arrosoirs aux agonisants, voire aux trépassés.

Aujourd’hui la maison qui m’habite a un jardin ancien, dans un tiroir de mon bureau sont rangées les commandes et factures des arbres plantés dans le passé,  restées là avec d'autres témoignages en guise de testament de la maison,  les plus anciennes ont 106ans. Je connais ainsi l'âge de certains vrais habitants du jardin. Et souvent lorsque je regarde mon superbe érable flamboyant, je pense à ceux qui ont souhaité illuminer leurs automnes, aux mains attentives qui l’ont planté, et à tous ceux qui l'ont aimé.

Le vieux monsieur est parti avec son premier pommier et lançant en guise d adieu: " lorsque mon pommier dans 15 ans donnera plein de fruits serai-je encore là ?" Pas sur, mais d’autres reprendront le témoin de ce jardin.



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