mercredi 10 avril 2013

Once upon a time, le vilain petit canard.

L'actualité déborde parfois plus que je n'aimerais, à priori sur mon blog, ainsi va la vie, je souhaitais cependant  écrire aujourd'hui sur Camille, mon vilain petit canard






Once upon a time, il était né un drôle de bébé dans une famille normale: papa maman, et deux charmants petits enfants qui  ont été  très surpris voire choqués d'hériter  d' un bébé hurlant tout le temps, bébé hyper actif, bébé révolté, bébé vilain petit canard.

Au fil des ans, les choses allaient tantôt bien, tantôt moins bien,  en général, plutôt moins que plus  malgré l'aide salutaire de psy, mais au miracle nul n'est tenu,  équilibre précaire de l'enfance puis survint le séisme de  l'adolescence et  tout s'écroula.

Ce vilain petit canard était mon troisième enfant, Camille.

Il a peu, je  fus invitée à découvrir un superbe hôtel particulier restauré entièrement récemment , avec aux commandes à la déco J Luc Charpagne et à la technique, un ex,  très vilain petit canard. Un de ceux dont on se demande ce qu'il fera plus tard, un de ceux pour lequel on a beaucoup pleuré et prié et supplié Sainte Rita, le seul pour lequel je suis allée mettre des cierges à cette sainte, dans la vieille chapelle de ma ville, car je ne croyais plus en rien et étais réellement désespérée, mon fils, Camille.

Ne croyez pas que je me désespérais pour rien, Camille en déshérence scolaire, faisant mille et une conneries, Camille que  je recherchais parfois aux urgences des hôpitaux,  crucifiée  de ne savoir où le trouver.... Enfin, une histoire très triste qui aurait pu très mal se terminer.

Je n'avais pas été une mère à la hauteur  j'avais fait ce que je pouvais mais avais pu,  peu. Mais, je l'aimais, mon mari aussi, bien que plus maladroit. L'histoire peut se lire de différentes façons, peu importe, on a tous essayé de faire de notre mieux et nous en fûmes tous récompensés.

Camille après 1001 péripéties, s'est marié avec une ravissante et charmante jeune femme, et ils ont  eu une adorable petite fille, Perrine, parallèlement il  avait   pris plusieurs petits boulots avant de  trouver sa voie, l'immobilier et depuis il  cartonne, sa réussite professionnelle est de plus en plus évidente.

Camille nous avait envoyé un carton d'invitation pour l'inauguration de la restauration  cet hôtel particulier, avec au verso " de la part du  vilain petit canard"

Cette fable, n'est pas une fable, et si je la raconte c'est surtout pour redonner espoir aux parents, ne croyez pas qu'un enfant qui rate ses études, qui fait mille et une bêtises, qui fugue, qui .... ne fera "rien" de sa vie, ne croyez pas qu'un mauvais garçon sera forcément un mauvais garçon pour toujours.

Camille était talentueux et nous le savions, même dans les pires moments, profondément désespérée du présent,  jamais je ne perdais espoir pour l'avenir. Mon fils avait du talent,  plein de qualités autant que de défauts,  il devait réussir à trouver un équilibre,  nous devions l'aider autant que nous le pouvions.

Il est difficile de tout dire, l'accompagnement judiciaire lorsque nous ne nous sentions plus entièrement capable de faire face aux conséquences de ses coups de sang, coups de jeunesse, il fallait bien que jeunesse se passe dans ce sang si tempétueux...  De mes mauvaises réactions, dues à la peur, à l'énervement, à l'impuissance autant qu'à l’incompréhension, de ses violences, de nos cris, de nos larmes, des meubles  fracassés mis sur le trottoir, de mille et une choses qui nous paraissent à présent si étranges.

Il y avait eu quelques messages d'espoir, quelques mains tendues, mais à vrai dire très peu. Nous étions, parents, abandonnés, isolés dans cette anormalité, tantôt considérés comme "trop sévères" tantôt taxés de "laxisme". Nous étions assez seuls et bien souvent des  disputes naissaient entre mon mari et moi de cette incapacité à faire face aux problèmes que posaient notre fils.

Il y a eu plus de tempêtes que d'accalmies, puis peu à peu plus d'accalmies que de tempêtes, Camille peu à peu, est devenu l'adulte qu'il devait être, un jeune homme adorable, prévenant, attentif, un peu hyper actif encore, plein d'idées... Et plus personne n'imaginerait les tribulations de son éducation.

Mes enfants sont tous différents, et je suis fière de tous.


J'aimerais que si vous avez un enfant difficile à élever, vous compreniez que rien n'est jamais perdu,  je suis certaine que mon fils même dans les pires moments a fait ce qu'il pouvait dans ses révoltes,  et de son passé, de ses excès il a forgé une personnalité hors du commun, un adulte que l'on remarque pour son charisme, son dynamisme.... Je suis sa mère mais je n'exagère pas.

Once upon a time, juste une famille, normale, et le vilain petit canard est devenu un beau et majestueux cygne.



10 commentaires:

Martine a dit…

Ton histoire résonne en moi comme un écho. Je crois avoir eu ce genre d'enfant aussi. On l'appelait Zébulon, il était beau comme un coeur, affectueux mais terrible. J'ai eu aussi les gendarmes à la maison. Il est l'inventeur du "patator", c'est pas peu dire

Leitha a dit…

Juste merci, Ma Dame...

Encore une fois, vous lire résonne en moi. Et pourtant ma pitchoune n'a pas un an

francoise a dit…

ton texte est tout simplement magnifique,
et me redonne un peu de confiance,
je te remercie
mais j'ai peur de ne pas être à la hauteur,
je suis moi-même une très vilaine petite cane...

Jacques Étienne a dit…

Texte émouvant et porteur d'espoir !

iris a dit…

j'ai une fille de vingt ans beaucoup plus rebelle que ses frères et soeurs. Une forte personnalité allergique à l'autorité. Dans notre monde réglementé, elle galère (avec elle, meme pas l'espoir de prevoir un plan B scolaire, elle m'a désespérée, elle m'a eu à l'usure:). Cependant j'ai confiance en elle, ses capacité, sa possibilité de rebondir, à défaut de prévoir. Ces enfants qui sortent du moule sont surprenant et souvent ont de grandes valeurs humaines, sont courageux, se mettent en danger, sont attachés à la famille.

Sophie a dit…

Beau texte et qui donne à réfléchir, qu'il est difficile d'être parents ...
L'amour est évidemment la chose la plus précieuse à donner à ses enfants mais savoir comment se comporter lorsque le caractère de nos enfants devient source d'incompréhension pour nous, qu'on se sent coupable devant tous les livres de vulgarisation style "tout se joue avant 6 ans", allant du permissif à l'autoritarisme, et tenir bon malgré tout !
Votre fils vous doit une fière chandelle et vous pouvez être fière de lui comme lui de vous !

(Emile Oscar) Guillaume a dit…

Ba au final ce qui a le mieux marcher c'est de le faire habiter à 600km une fois qu'il a eu 18 ans, non ?

Camille a dit…

"Lorsque l'on a fait beaucoup de mal autour de soit, le jour ou l'on comprend qu'il est possible de faire autre chose, qu'il est possible non seulement de changer, mais de procurer du bonheur aux autres, alors mon but à été celui-ci immédiatement."

"De cette "maladie" ma force est née, ma force de caractère, je ne sais pas renoncer, ma force de persuasion, je ne connais pas la fatigue "morale", seul mon corps peux dire stop. Je recherche la "perfection", distribuer autant de bonheur autour de soit n'a aucun prix. donner des sourires ne coute rien, mais celui qui les reçois absorbe ce bonheur. "

Voici deux phrases tiré d'une conversation avec un ami...

ps: félicitation Martine, je jalouse l'invention de votre fils ^^

Ladywaterloo a dit…

Merci Camille! 3>

Petite précision, Camille n'avait pas dix huit ans lorsqu'il est parti de la maison, il a en effet tenté de passer son bac après avoir été déscolarisé grâce à une classe chez les maristes (classe rare à l'époque) l'année où Alice passait son bac français, ils ont quatre ans et quatre mois d'écart, je sais qu'Alice était précoce mais quand même!

Malheureusement un bac L, inutile de dire qu'un bac S ça l'aurait fait, mais un bac L, pas vraiment. Mais ce n'était que le 999 épisodes de la saga, et presque la fin effectivement.

bénédicte a dit…

Très bel article Lady qui démontre les trésors potentiels de l'être humain. Qui montre que vous avez bien fait ,vous les parents, de ne pas baisser les bras et de dire toujours à votre fils que vous l'aimiez.