Il n'y a plus de vrais croissants.

Autrefois, un peu partout en France, dans tous les villages de France et de Navarre, enfin pour la Navare je n'en suis pas certaine, il y avait dans les boulangeries, deux plateaux sur le comptoir,  dans l'un, des croissants "ordinaires" gonflés à l'hélium qui perdaient toutes leurs plumes et se ratatinaient au moindre coup de dents, pure margarine mais beaux, moins gras et aussi moins chers.

Lorsque j'en achetais je commençais toujours par l'écorcher en soulevant la croûte du dessus, les entrailles alors apparaissaient et je mordais dedans, sans aucun remord. C'était un peu décevant, comme de la brioche, beaucoup de promesses pour pas grand chose. Je me promettais alors de ne plus succomber, c'était sans compter l'odeur de pain chaud qui  envahissait la rue avant même parfois que l'on voit la boulangerie.

 Sur l'autre plateau s'empilaient les croissants "pur beurre", l'aristocratie du croissant. Parfois je m'offrais le luxe d'un  "pur beurre" moins gros, plus  luisant,  et pas du tout en forme de croissant, mais tout droit,  je n'ai jamais  compris la différence de forme des croissants, et encore moins la statégie de marketing sous jacente.  Ces merveilles grasses étaient luxure, luxure et erreur fatale si on ne s'était pas muni d'une petite serviette pour les déguster, la chose tâchait de graisse tout ce qu'elle frôlait, mais du pur bonheur, enfin, je dois avoir quelque chose de normand en moi.

Mais tout ça c'était avant. L'automne dernier j'ai eu une lubie, avoir de temps en temps des croissants au petit déjeuner, mon mari patiemment est allé en chercher régulièrement testant toutes les patisseries, puis les boulangeries. Autrefois, dans ma petite sous préfecture,  il y avait de bons croissants dans plusieurs boulangeries,  maintenant, c'est fini, la faute à quoi? Je ne sais pas.

                                                Bienvenue chez Catherine, croissants maison

Les restaurants m'ont paru avoir le même destin que les croissants, une uniformisation pas très goûteuse et infiniment trop chère. J'apprécie de moins en moins d'aller au restaurant.

 Le logo "fait maison" tente d'y mettre de l'ordre, les restaurateurs pourront l'appliquer s'ils ont procédé eux même à la cuisson et à l'association des produits, frais ou surgelés, sans que cela donne la moindre indication sur la valeur des produits et encore moins sur celle du cuisinier.  Le Figaro

Une carte longue avec des prix doux étant toujours synonyme de "prêt à manger" dans les frigos, un menu court est seul garant de vrais plats maison, sauf dans les grands restaurants où l'on jette énormément, tout ce qui n'a pas été commandé par les clients.


L'institution du logo "fait maison"  n'est pas une mauvaise chose, mais je ne pense pas que cela change quoi que ce soit, les français prenant des repas dans des restaurants "de réchauffe" ou presque, le savaient et s'en moquaient, il vaut mieux parfois avoir des plats "industriels et sans surprise que des plats "faits maison" immondes. Ce logo ne servira pas à grand chose, sauf peut être pour les étrangers, qui chercheront alors des distributeurs de plats surgelés "comme en France", c'est si bon...