dimanche 17 mai 2015

Stressissime attitude.

Ce soir, je m'assois dans ce fauteuil après un week-end, enfin des week-end, enfin des semaines pleines commes des oeufs, et juste en quittant la cuisine, alors que je suis seule à la maison quelques heures, je viens juste de remarquer un incongru sur mon plan de travail.

Un biberon, traînait là, quoi? Un biberon? J'avais déjà demandé à mon homme de ranger les jeux d'extérieur, coiffé et rangé les poupées, négligé les chevaliers et même le train de bois auquel manque les aiguillages,  les trains Brio&co, sautent les obstacles je suppose, j'ai aussi descendu la mallette des Barbies, pour les inspecter, coiffer, raccommoder.. Et je n'avais même pas vu l'intrus? Un biberon abandonné, sur mon plan de travail.

J'ai failli le prendre et le faire disparaitre, placard ou lave-vaisselle, j'hésitais et puis j'ai trouvé touchant, cette petite trace d'enfant chez moi, alors que j'étais si peu présente.


Le joli mois de mai est le mois le plus long peut-être de l'année, entre fêtes chrétiennes, examens, concours, agendas surchargés.. Et, ce soir, je n'avais même pas vu ce biberon.

Samedi mon petit fils, Pierre a fait sa première communion à l'église de la Santa Maria Del Mar à Barcelone, la si belle église était fleurie de blanc, mon petit fils sérieux comme un pape, ma fille plus qu'émue, épuisée par tant de préparatifs alors qu'elle n'est guère disponible, travaillant à l'extérieur,  mais son aîné devient si grand et moi aussi  heureuse et crevée ou l'inverse si heureuse mais si crevée, d'une longue  séquence de trucs fatigants, probablement autant moralement que physiquement.



Pierre, l'aîné de Charlotte est un garçon merveilleux, un peu trop sérieux à mon goût, mais si gentil, si intelligent, si désireux de toujours bien faire. J'aime tous mes petits enfants, pour tant de raisons différentes, chacun ayant leurs particularités, chacun leurs forces, leurs faiblesses, tous me ravissant, sans répit, le coeur et l'esprit.

                                 Ce matin au jardin

Nous sommes allés à Barcelone,  mon mari et moi avec juste Alice laissant le mari d'Alice et leurs deux enfants avec trois jeunes, de 18 à 24 ans, en sus de cette maisonnée, un chien et deux chats, enfin théoriquement, seul l'un d'entre eux , Caramel daignait nous gratifier de sa présence, la jolie Minette, outrée de l'abandon de ses maîtres se cache encore, probablement dans une grange, et les granges du hameau gardent leurs secrets, alors je ne sais pas trop où.



Demain, j'ai décidé d'ouvrir une page de sérinitude, mais je sais plaisanter avec moi même, demain et après demain Valentin passe les derniers examens de sa licence, et ensuite devra décider dans un jeu de dominos-fous ce qu'il fera ensuite, Hubert entame sa dernière étape avant le bac, attendant les résultats de concours.

Depuis plus d'un mois je ne dors guère, j'aspire tant à la véritable fin de ma fonction de mère-éducatrice, pour redevenir simplement, moi, un tantinet irresponsable, les regards inquisiteurs des uns et des autres me soumettent trop souvent à la question.

Mais pourquoi , madame votre aînée, gauchère n'a jamais appris ni à tricoter, ni à coudre?
Mais pourquoi, madame, votre cadet dyslexique est-il arrivé au bac ne sachant toujours pas écrire correctement?
Mais pourquoi madame n'avez vous pas éduqué vos enfants plus strictement?
Mais pourquoi les avez vous éduqués le cul entre deux chaises? Sans suivre aucune voie tracée?

Mes réponses seraient pauvres, je ne sais pas, alors au moindre incident je remets tout en balance et pèse et soupèse longuement tous les ingrédients, sans savoir comment rattraper le temps perdu, la maille filée.


Y a-t'il, vraiment du temps perdu, des mailles filées? Peut-on vivre sans temps perdu, sans maille filée? Je ne le crois pas, la vie Ripolin sans odeur, sans saveur ni heurt, n'existe pas, c'est simplement une vie où l'on ne dit rien, où l'on ne parle pas.

Peut-être, parfois, s'interdit on tout sentiment personnel, tout engagement en dehors des clous.

Je n'ai jamais voulu de cette vie là, j'ai voulu une vie vraie, raccord avec ce que je suis, ce que en quoi je crois,  et surtout pour ceux que j'aime, raccord avec un tas de choses différentes, un drôle de patchwork.

Et ce soir, j'aimerais être encore un peu auprès de ma fille Charlotte et des siens, je la sais si fatiguée,  ayant fait les choses à la perfection, ayant pensé à tout, de la soupe à la carotte maison pour le bébé de passage, à l'invitation au prêtre ami, et aussi à cet ami, ayant vécu cet enlèvement au Cameroun et retissant sa vie dans le chaos que cela a laissé.

Ma silencieuse maison me parait ce soir, cocon protecteur, je ne veux plus rien entendre de l'extérieur, je souhaite simplement me souvenir de ces bons moments, passés ici en Auvergne et là bas en Catalogne, je ne veux plus grand chose, peut-être tenter d'espérer que le pire n'est jamais sûr, et que mes enfants trouveront leurs voies et ce, avec ou sans moi.




4 commentaires:

Martine a dit…

La vie n'est pas un long fleuve tranquille, loin de là et les parents ne sont pas toujours responsables de la vie de leurs enfants. On ne donne que des plans, des voies possible mais jamais LEUR voie. De celle-là, ils sont pleinement responsable.
Ensuite il faut faire avec les regrets et les culpabilités des uns et des autres.

Sophie a dit…

Merci pour les photos, quel paradis ce doit être !
Moi mon jardinet est envahi de moustiques (et même tigre, m'a t'on dit aujourd'hui à la pépinière de ma ville), quelle plaie !
Tes enfants paraissent heureux et bien dans leur peau, tu as donc bien fait ton job, je pense.

Ladywaterloo a dit…


Merci Sophie, effectivement
le jardin est superbe, les moustiques tigres signent un jardin dans le sud... Chance avec le climat, quand même.

J'ai tenté de bien faire mon job, mais en ce moment je me mets des "aurait pu mieux faire!" mais c'est un peu trop tard. En accord avec Marine, je crois qu'il faut accepter les choses simplement.

cestleponpon a dit…

Peut mieux faire
Voilà exactement ce qui me venait à l.esprit
Et toujours ce sentiment de culpabilité
qui ne s'éteint pas
Qui ressurgit au détour de chaque perfection non atteinte
On a beau se dire et redire
Je ne suis pas responsable de tout
Ca ne marche que si peu
Que de questions !
Que de petits vélos qui tournent et retournent dans la tête !
Des fois l'envie d'insouciance de l'enfance me manque .
Heureusement les trésors de la méditation me font replonger dans cette confiance naturelle en moi
Et l,été qui revient sera une vitamine pour nous toutes et
Le jardin commence à chanter
Et
Piou piou chantent les oiseaux du ciel
Et
ronron dorment nos hommes près de nous
Je suis sûre que vous avez tout bien fait
Je suis sûre