mardi 22 avril 2014

Allez, faites vous plaisir!

On me dit "prout prout" mot d'une élégance infinie pour désigner, je crois, le fait que je ne considère pas tout style de vie enviable ni même parfois acceptable.

Vous ne souhaitez pas rencontrer le copain de votre soeur, quinquagénaire, type que votre aînée, tout juste divorcée,  a rencontré sur internet, copain dont vous avez eu les premières photos en direct, photos que me montra ma soeur toute émoustillée,  le jour du mariage de mon fils ainé, Yann. J'ai vu alors des photos d'un gars, l'air sympa, barbu, à poil dans une baignoire de mousse, vous dites, Shokking, on vous rétorque Prout prout!  Douze ans plus tard, j'ai accepté le compagnon de ma soeur, il n'est strictement rien pour moi, mis à part qu'il évolue dans l'environnement familial du côté de chez ma mère.

De même, vous ne souhaitez pas admettre toute jeune fille , fut elle hyper sympa comme votre fille à vie, car vous ne savez pas si elle sera votre fille à vie, on vous dit réac tendance fashiste, alors que vous pensez surtout ne pas engager ces jeunes plus loin que ce qu'ils ne peuvent le faire à cet instant, en vrai.


Vous êtes choqué par ces gens qui répudient leurs compagnes ou compagnons d'un seul SMS, voire d'un message via l'AFP, on vous dit réac, vous pensez mufles.

La délicatesse est prout-prout, la politesse réac. Soyons, cool, soyons sans responsabilité, ne nous fâchons jamais avec nos familles, on se fiche de ce qu'ils font, on se moque de leur éthique, restons Zen. La zennatitude, est géniale, un truc hérité de l'autre siècle, seconde moitié du  XX ème.

Aujourd'hui beaucoup d'adultes ne sont responsables de rien, ils vivent pour eux, sans aucun souci, mis à part celui de leurs petits bonheurs, ne s'inquiétant même pas vraiment de l'avenir de leurs enfants, ni d'ailleurs de celui de leurs parents. La conscience ne culpabilise pas, on compatit pour les souffrances lointaines d'un peuple, on donne un peu aux restos du coeur, on est moderne, on reste zen.

Alors parfois j'ai envie de devenir anachorète, maladie grave qui me mettrait à l'abri de ces dégénérescences  de l'âme que je ne veux accepter. J'aurais dû rompre définitivement avec ma famille, cela eut été plus clair, hélas, j'ai eu peur de faire encore plus de peine à ma mère. Mais de fait, je crois que j'aurais mieux fait, les faux semblants vous retombent toujours sur la gueule, un jour ou l'autre.


Théoriquement je devrais aller dans dix jours,  à une pseudo réunion de famille pour les 80 ans de ma mère qui ont eu lieu il y a plus d'un an, mais qu'elle n'a pas voulu fêter l'an dernier, trop fatiguée pour cela, mais pas pour partir en  croisière. Maman devrait je le crois, se contenter de partir en croisière, elle préfère et il me semble que cela lui convient  mieux.

Ma soeur ainée, Françoise et mon jeune frère Jean Pierre s'entendent bien avec ma mère et vivent pas trop loin de chez elle, j'ai bâti une vie très différente, et ne  m'entends pas du tout avec mon ainée et pas trop avec mon cadet, je me suis fait une raison, on ne choisit pas sa famille et eux, ne vous choisissent pas non plus. L'accepter serait maturité.

Mais ma mère ne veut pas renoncer, ses 80 ans, elle y a droit. Peut être mais à quel prix?

Je me demande si je pourrais louer pour ce type d' occasions, à la journée, une pseudo Penelope Waterloo, née Bérézina, un leurre, un doublon, un sosie. Cela suffirait à ma famille, ils savent que je vis, ils n'acceptent pas que je ne me laisserai plus jamais manipuler, coincer, même pour faire plaisir, car de fait, je ne ferai pas plaisir, je ruerai, à un moment ou à un autre, à moins d'avoir l'âme anesthésiée.

Mais on attend de moi que je vienne, que je pose sur des photos, que je souris même, et que je me taise, surtout que je me taise et évite même de penser, ça dérange.


Après la mort de mon père il y a trente cinq ans, maman  a laissé tomber beaucoup de valeurs qui étaient les siennes, peut être étaient elles siennes par contrainte et que la facilité d'accepter tout et n'importe quoi était plus dans son tempérament. Cette apparente tolérance est un piège, je ne le sais que trop bien, j'en constate les ravages tous les jours autour de moi.

Maman invite sans barguigner les copains et copines de ses petits enfants, même ceux qui ont tout juste 20 ans, les enfants issus de premières unions de leurs compagnes ou compagnons, diluant le tissu familial, le noyant dans une approximation, donnant l'exemple même d'une grand mère tolérante alors que je ne vois que celui d'une grand mère indifférente. De fait je n'en veux bien sûr nullement aux enfants, ni aux jeunes, ils sont les premières victimes de cette permissivité.

Les gens qui n'ont pas su créer de familles, s'en fabriquent et acceptent n'importe quel assemblage étrange pour éviter la solitude, ils aimeront aussi faire la fête avec des soi disant "amis", on exige seulement des gens qu'ils soient consensuels et de bonne humeur. L'indignation devant se sanctuariser dans le pré carré de Stéphane Hessel, le bonheur se diluant dans une philosophie de super marché dans un monde où l'apparence seule compte, et où le leit motiv lancinant est

Allez faites vous plaisir!


Je hais cette expression, je ne veux pas du plaisir, je veux du vrai bonheur, même si on rame parfois pour en avoir des petits bouts, même si on doit faire des choix pour cela, même si ce n'est pas toujours facile. Je ne suis pas consensuelle.


Pour moi, le consensus semble être un processus d'abandon de toutes ses croyances, de tous ses principes, de toutes ses valeurs, et de toutes ses politiques. Donc c'est quelque chose en laquelle personne ne croit et à laquelle personne ne s'oppose. - 

Margaret Thatcher






10 commentaires:

Alix a dit…

Non, mais là, ça dérape, non?
Pourquoi nous mêler à des histoires de famille?
Enfin, je dis ça je dis rien...

Christine a dit…

Amitié et beaucoup de compréhension de ma part. Vous avez raison, c'est dans toutes les familles. C'est bien de le dire et bien d'oublier. Vous avez quand même eu la plus belle part ! Que Dieu vous bénisse vous et vos enfants (et leur papa), c'est eux votre famille.

Ladywaterloo a dit…

@ Alix, j'avais écrit la première mouture du billet, en colère. J'ai de solides raisons d'être en colère, alors je l'ai réécris ce matin , désolée de vous l'avoir infligé hier, tel quel.

Si j'avais eu uune adresse mail, je vous aurais présenté mes excuses, dès hier soir.

Alix a dit…

Vous êtes toute excusée!...
Ca fait du bien de se défouler des fois!
J'aurais dû le comprendre...
Continuez à écrire

Kampfbereit a dit…

tout à fait bien vu. Mon père et moi ne nous voyons plus depuis 30 ans, d'un commun accord, nous avons constaté que nous n'avions rien en commun. C'est plus sain. Quant à ma pauvre mère, irrémédiablement soixante huitarde, elle me reprochait d'être "fashiste", et se plaignait que tous ses "amis" l'aient laissé tomber, maintenant qu'elle était "vieille, pauvre et malade"...à son enterrement, il y avait la famille (des gens qu'elle avait passablement maltraité, mais sans rancune, comme quoi..., mais pas un de ses soi disant "amis"!

Didier Goux a dit…

Excellent billet, même si je m'en veux un peu d'avoir manquer la première version, qui était pourtant encore en ligne lorsque j'ai allumé cet ordinateur !

Cela étant, j'ai l'impression que vous faites une confusion entres les verbes barguigner et baragouiner

Ladywaterloo a dit…

Désolée, Didier, ne regrettez pas mon premier billet qui n'était que rage et desespoir, on est nul dans ces cas là.

Je corrige aussitôt, ces deux verbes que je confonds, faute de n'avoir jamais su les distinguer. Merci de me le signaler.

francoise a dit…

moi aussi j'aurais voulu lire le premier billet
curieuse que je suis
courage fuyons !!!!

francoise a dit…

beau prénom Françoise...

Martine a dit…

On n'est pas responsable de sa famille mais on n'en a qu'une et elle vaut ce qu'elle vaut!
Couper tous le ponts me semble trop facile à moins d'un acte intolérable.
Ma mère est ma mère, je n'ai pas beaucoup d'affection pour elle mais je considère que j'ai un devoir moral de protection pour sa très grande vieillesse. Et pourtant Dieu seul sait comme elle peut être pénible, tant dans ses convictions que dans sa mentalité bourgeoise et sa morgue.