vendredi 11 avril 2014

Un printemps pour de vrai.

J'adore depuis toujours jardiner, avec passion et déraison, j'ai souvent planté des fleurs sans les voir pousser, des haies même alors que je partais et je me souviendrai toujours de l'année ou, après avoir hésité, j'ai enfoui plus de trois cents oignons de jacinthes, jonquilles et tulipes pour ne jamais ne voir fleurir que les seules  jacinthes, nous étions partis pour l''autre bout du monde au début du printemps suivant.

Il y a deux ans, le printemps fut meurtrier chez nous, alors que les rosiers étaient en boutons, une vague de froid plongeant à moins vingt degrés tout le jardin pendant plusieurs jours, tuait plantes, arbustes et arbres sans que nous ne  puissions rien y faire. L'été suivant, affligée, je ne sortais presque plus dans le jardin, je n'arrivais pas à regarder le désastre en face.

Ce désastre était dérisoire, j'en avais conscience mais justement sans importance pour tous, sauf pour moi. Le jardin, les jardins sont depuis toujours mes sources de joies, d'apaisement.

 Je me souviens de la prairie au début du printemps à côté de chez moi à Sidi Bel Abbes, j'avais quatre ans,   je me souviens des "canards"  à Yaoundé, ainsi que des énormes touffes de citronnelles, aux herbes un peu coupantes, dans lesquelles je me roulais alors que c'était défendu, il y avait effectivement des serpents, je l'ai constaté  le jour où mon père les fit couper par les boys, nous étions présents, papa espérait que la leçon porterait, j'en fus sidérée quelques jours puis ai oublié le danger, les serpents ne m'ont jamais mordu et l'odeur était divine. Je me souviens des chèvrefeuilles à Montpellier, des dalhias rouge sang somptueux à Bordeaux et  de tant d'arbres et fleurs qui ont accompagné ma vie.

Il y a  deux ans, le printemps meurtrier a tué mon jardin,  nous avons chouchouté les rescapés, parfois avec l'énergie du desespoir, l'an dernier en mai,  il neigeait, et quelques arbres et encore des rosiers trop blessés ne sont pas repartis. Alors nous avons planté et replanté encore.

Pour la première fois, il y a deux ans, j'ai pensé quitter ma maison, surtout abandonner cette terre trop ingrate qui m'avait trahie.  Cette année, je retisse avec elle un brin de confiance, je sors tous les matins, la végétation a plus d'un mois d'avance et telle Perrette je calcule, si tout va bien, le jardin aura récupéré de ses blessures, vraiment, à la fin de l'été. j'arroserai tous les matins s'il le  faut, le printemps est fort sec chez nous. Nous avons fini de tout replanter, le jardin garde encore bien des séquelles, mais il réserve aussi bien d'heureuses surprises, tels ces pieds de violettes blanches qui se multiplient alors que je les croyais presque perdues.

Je ne sais plus si nous construirons une autre aventure dans une autre maison, nous ne lâcherons pas la proie pour l'ombre, mais si un  jour  nous déménageons, notre jardin sera toujours présent dans nos souvenirs heureux.





1 commentaire:

francoise a dit…

MAIS OUI, cette année,le jardin sera exceptionnel