lundi 11 août 2014

Les vieux du hameau.

Il y a onze ans, tout juste nous visitions la maison qui allait devenir la notre. Débarquant avec une tribu, maison de vacances d'abord, rénovée entirèrement au bout de quelques années, cette maison est devenue notre, maison que jouxtait trois ou quatre fermes ou petites maisons ouvrières.

Il m'est arrivé dans le passé d'avoir l'intuition, qu'un jour, nous serions les vieux du hameau. Des quatre maisons habitées, l'une l'était par un vieux ménage et une vieille handicapée, l'autre par un vieux célibataire.

 Depuis trois de ces personnes âgées sont mortes, la Raymonde s'épanouit dans une maison de retraite où elle est enfin servie. Plus de lapins à nourrir, plus de patates à récolter, le bonheur. Elle regarde la télé comme elle veut, a des repas servis sans avoir contribué à quoi que ce soit pour leurs préparations, le bonheur, le vrai. Sincèrement je comprends cette femme n'ayant eu aucune satisfaction dans sa vie, je pensais qu'elle aurait du mal à oublier la montagne, la nature, les poules, la vie, je me trompais elle adore sa nouvelle vie.

Le vieux Pierre et sa douce épouse sont morts, le Jean aussi, les maisons pleuraient et le hameau s'attristait.

Il y a deux jours, je suis allée dire bonjour à des gens, des gens pas connus,  qui restaient plus que de raison,  au bout de ce chemin, mon chemin, ma route. Ces gens avaient une raison pour  venir, et arpenter le terrain près de la maison du Jean, ils venaient de signer un compromis d'achat de cette maison qui nourrit à présent leurs rêeves. Il y avait deux voitures, trois adultes, des enfants et  un colley qui a adoré mon odeur de gateau au chocolat, je venais d'en enfourner deux juste avant d'aller à leur rencontre. Une rencontre, une sorte de mariage sauf qu'on a pas choisi, ni élu, l'autre.

Une autre famille. j'ai dit bonjour, j'ai vu le regard attentif de la femme,  des parisiens se sont  ils affirmés en guise de provoc, ou pas. Enfin non, de la région parisienne, celle qui souffre.

Un couple et quatre enfants de 7 à 17 ans.

Ils ont signé un compromis et aimeraient s'installer d'ici la Toussaint.

Pour des paysans, ça va vite. Carole fut ahurie, comment tout faire si vite? Elle qui n'envisage de changer de maison qu'après des travaux, des réflexions et le temps de maturation a du mal à comprendre. Moi? J'imagine sans peine, un vie heurtée, des enfants chahutés, un besoin de paix.


La maison, sans attrait, mais grande, au nord de la nôtre, se vendait  50 000 euros, une grande maison et un potager.

La Carole est prudente et un peu inquiète elle m'a demandé mon avis, le verdict?

Plutôt sympa d'avoir une famille, quatre enfants, ils ont du souffrir, j'espère qu'ils arriveront à se plaire ici, j'ai cru comprendre que l'insécurité que vivait leurs enfants avait joué dans leur chambardement de vie, le chomage du père a emporté la décision.

Ils seront peut être là, fin septembre, début octobre, un vrai timing de parisien, je pense que je devrai peut être faire le lien entre la paysanne et la parisienne, je fus parisienne et ne suis pas vraiment paysanne, heureusement,  pour nous tous, ils ne sont ni d'origine étrangère ni musulmans, enfin d'apparence comme dirait je ne sais qui. Avec la Carole cela n'aurait pas passé sinon. Je remercie le ciel de ces difficultés évitées dans ma carrière à venir de  femme du chef de hameau.



Aujourd'hui, nous sommes les vieux du hameau, et un hameau c'est d'abord un clan, une solidarité. Mon mari est le grand chef, et moi? Je suis Bonnemine.

8 commentaires:

francoise a dit…

s'ils étaient musulmans tu aurais mangé du très bon couscous...
j'ai eu une amie musulmane, comme ses pâtisseries étaient bonnes, très sucrées, avec du miel et de la pâte d'amandes, et des dattes... l'attrait de la différence !
et ainsi au contact des "autres" on voyage...
donc des Parisiens, ils t'ont pris pour une bonne paysanne du coin ?
Ton article m'amuse? Bonnemine,
en plus pour t'avoir rencontrée, je te crois non sectaire...Et très humaine, pratiquement gentille...
je suis optimiste, tu vois...

Ladywaterloo a dit…

Oh, moi, rien contre les musulmans modérés, mais ma jeune voisine...

Elle n'a jamais parlé à notre voisine du plus loin car camerounaise et parisienne.. Elle voulait qu'elle retourne chez elle! J'ai eu beau lui expliquer que cette jeune femme ne connaissait rien du Cameroun, c'était peine perdue. Le couple s'est séparé elle est partie.

Carole se sent étrangère à la vallée elle est de 30
km plus loin, alors ça rigole pas, question immigration.

La tolérance bouffe? Aussi zéro,ils commencent à manger des pizzas et des crêpes mais les nems ou le couscous, pas question. C'est rigolo, ils sont très gentils mais ont juste 50 ans de retard.

Moi? J'aurais adoré avoir des cornes de gazelle et des loukoums, du couscous et des briks. Des nems et du porc au caramel aussi!

Ladywaterloo a dit…

Je hais les dattes, nul n'est parfait^^

margo a dit…

La région parisienne, celle qui souffre c'est un peu fort je trouve.
J'y vis et je vous assure que je ne souffre pas.
Neuilly et Marne la Coquette aussi sont la banlieue, faut arrêter avec les clichés.
La semaine passée nous nous sommes faits livrer une coque de piscine et le grutier, ébahi, m'a dit lui qui venait de Toulouse : ah finalement c'est sympa aussi la banlieue, je ne voyais pas ça comme ça!
Paris ça peut-être la Goutte-d'Or ou le Champ de Mars, la banlieue ça peut-être Neuilly ou la Courneuve. Et là on je joue pas dans la même cour.

Ladywaterloo a dit…

@margo, j'aurais du dire la banlieue parisienne qui souffre, évidemment, on sait tous qu'habiter Meudon, Sèvres ou Boulogne comme bien d'autres villes n'est pas l'horreur.

Je crois que la banlieue dont vient ce ménage est une banlieue compliquée, lui maçon vient d'être mis au chomâge, et je crois qu'ils font ce "grand saut" car l'environnement est "compliqué" pour leurs enfants.

Il y a des banlieues modestes et calmes, il y a des banlieues où les collèges et lycées sont gangrenés par la violence, où les services publics sont peu ou mal assurés.

La mort du jeune Malachie est un exemple de ce qui se passe dans ces cités pourries.

J'habitais dans une ville où il y avait deux quartiers, nous passions si on le devait dans l'un et évitions toujours l'autre, comme les bus qui n'y passaient parfois plus pendant six mois, les pompiers accompagnés de policiers...

Cela n'a été évoqué qu'à demi mot, mais le mot insécurité a été celui qui est le plus prononcé.

EmmaB a dit…

Il faut être courageux pour s'installer à la campagne, dans une maison à retaper (enfin, je suppose, en lisant le prix de celle-ci) avec des enfants jeunes qu'il faut souvent accompagner en voiture, et en étant au chômage non?
Je ne pense pas la vie à la campagne plus facile que la vie à la ville... Mais bon, des nouveaux voisins c'est toujours chouette!

Ladywaterloo a dit…

Il faut être courageux, la maison est vilaine, sans vue, mais très grande, un luxe, avec quand même une salle d'eau et du chauffage central ainsi qu'une cuisinière à bois et du bois en quantité dans le bucher.

Le jardin fut potager, il y a un poulailler et des clapiers.

Moi? Je ne saurais pas faire, comme ça, mais j'apprendrais si j'en avais besoin. La maison est à moins de 3 km du centre de la petite ville.

Je ne sais pas ce que ça va donner, je ne sais pas s'ils ont déjà vécu à la campagne, ils avaient l'air soulagé lorsque je leur ai dit qu'on avait internet!

Leurs enfants pourront jouer et faire du bruit sans avoir de problèmes avec les voisins.

Ici, avec un smic on vit assez bien, en ville non. Il faut cependant pouvoir se faire à ce mode de vie.

francoise a dit…

on est bien ici,
sauf que je ne conduis pas...
loin de 4.5 km de la ville...